Comment devient-on écrivain ?
Un commentateur perspicace s'interroge sous un billet récent à propos du parcours des écrivains, me suggérant même d'en faire un billet. Oui, bonne pioche.
Quelles études ont fait les grands écrivains du XIXe et surtout du XXe (avant, on étudiait peu) et donc maintenant du XXIe siècle ? Si vous souhaitez devenir LE grand écrivain, quelle orientation scolaire devez-vous prendre ? et vous parents, où inscrire vos enfants pour qu'ils entrent en Pléiade après votre mort (et après la leur, le plus souvent) ?
Examinons les C.V. des occupants de notre Panthéon. Balzac et Flaubert font du droit, Stendhal fait l'Ecole Centrale (maths), Dostoïevski ingénieur, Tolstoï langues orientales et droit, Baudelaire et Rimbaud aucune études, Chateaubriand fait l'armée. Au XXe, Proust et Kafka font droit, Céline fait médecine, Borges ne fait pas d'études (!), Joyce fait lettres modernes (un des rares écrivains à avoir étudié les lettres), Hemingway fait des études de journalisme, Faulkner fait l'armée, Marguerite Duras fait Sciences Politiques, plus près de nous Philippe Sollers fait Sup de Co, Christine Angot fait droit international et Michel Houellebecq des études d'agronomie.
Difficile de dégager des grandes lignes. Il y a beaucoup d'études de droit, mais sans doute faute de savoir quoi faire, et sans grande passion (sauf Kafka, devenu un éminent juriste dans sa société d'assurances). En revanche, presqu'aucun ne fait d'études de lettres.
La vérité, c'est qu'on devient écrivain par hasard. On ne choisit pas. Il y a en outre dans ce boulot une majorité d'inconvénients. Et quelques avantages comme celui de laisser son nom, en dur, dans la réalité du futur. Mais il n'est pas certain que les avantages compensent les inconvénients...
Comment devient-on écrivain ? Pas en étudiant à l'Université. Sans doute même pas en vivant telle ou telle expérience incroyable qu'il faudra raconter. Non, on devient écrivain en écrivant. A force. A l'endurance. Plus la chance. Plus le miracle. Et au gré des vents et des courants, selon les aléas éditoriaux (on y revient toujours) : le bon éditeur au bon moment; et même les aléas commerciaux : le succès qui élargit son lectorat. Vraiment, croyez-moi, on ne choisit pas...
http://lalitterature.blogspot.com/2006/12/comment-devient-on-crivain.html
